Anonyme
Publié il y a environ 7 ans
Savoir que j'étais hypersensible m'a permis de pardonner
Je me suis toujours sentie différente du monde qui m'entourait. Le moindre regard me jugeait. La moindre parole me poignardait. La moindre beauté m’éblouissait. La moindre tristesse me bouleversait.
Je me sentais comme folle incapable de contrôler des visions et sensations que j'étais seule à voir et ressentir.
De mes 15 à 20 ans, je fus donc résolue à entrer dans le moule. A noyer qui j'étais. Je ne supportais plus l’incompréhension dont devaient faire face mes réactions. J'ai ainsi commencé à aplanir ces montagnes russes de sentiments qui vivaient en moi. A nier mon ressentie. J'ai partiellement réussie. A la fin, je ne connaissais plus la joie, la folie créative et l'amour. En revanche, ma vie de zombie me plongeait régulièrement dans des phases de dépressions profondes. Le jour où le suicide est devenu véritablement une solution, j'ai décidé de me faire aider.
L'une des premières choses que j'ai appris avec ma psy a été que j'avais le droit d'être qui j'étais. J'avais le droit de souffrir des propos inappropriés qui m'avait blessés. Droit de me protéger des mauvaises actions (volontaires ou non) des gens et même ceux que j'aimais. Droit de dire non. Pour autant, même si cette réappropriation de mon être m'a fait énormément de bien, une question subsistait: comment ces gens que j'adorais avait pu me blesser autant? Pourquoi, alors que je passais ma vie à faire attention à ne faire souffrir personne, celle-ci était-elle remplit de gens qui passait leur temps à vouloir connaître mes limites et à les franchir; prêt à tenir des propos erronés mais qu'ils savaient blessant pour clore une dispute; des personnes qui répétaient que mes réactions étaient excessives, me présentant ainsi comme hystérique et refusant d'admettre que je ressentais bel et bien cette souffrance, ce désespoir? Même mes proches, a des niveaux plus faibles, finissaient toujours par avoir un comportement qui me mutilait.
Etais-je finalement entourée de gens mesquins sans aucune empathie?
Il y a environ 3 ans, je suis tombée sur un article sur l'hypersensibilité. La gifle. Je n'étais pas folle. Pour la première fois, le mot hypersensible ne raisonnait comme un défaut. Tous les aspects négatifs de cette personnalité je savais en être propriétaire. Toutes les qualités, je me disais souvent bien avant la lecture de cet article que j’espérais les avoir. Pour la première fois, je me suis dit qu'il était alors possible que ce soit effectivement le cas.
Ensuite, j'ai lu des témoignages. Découvrir que l'on est nombreux à connaitre cette solitude m'a là encore libéré d'un poids. Soyons précis, je ne souhaite à personne de connaître les moments de détresse que j'ai vécu (et que je vis encore) mais savoir que je ne suis pas la seule à écouter des chansons tristes pour pleurer, à apprécier sincèrement un arc ciel après la pluie, à me plier en quatre pour faire sourire un être cher qui est triste... cela m'a redonné envie d'aller vers les autres, en espérant découvrir cacher dans la masse une de ces 20% d'exceptions.
Et puis, il y a eu cette dernière mais incroyable étape. Ce que j'ai appelé la "remise à niveau des curseurs". J'ai alors compris que les gens "normaux" n'étaient pas inhumain, ils réagissaient simplement en fonction de leur propre sensibilité. La où je ressentais un coup violent ce n'était réellement pour eux qu'une petite tapette. Là où pour moi un murmure signalais ma limite, pour eux seul un non franc et catégorique était pris en considération. Que faire mal durant une dispute être presque légitime et banal alors que pour moi rien absolument rien ne justifiait un tel comportement. Pour tout dire, jusqu'à il y a peu, l'idée que l'on puisse ne pas penser des propos blessants mais bien les dires ne mettaient jamais venu à l'esprit concernant mon entourage. Mentir pour faire mal, vouloir blesser comme on l'a été, c'est particulièrement humain finalement quand on y pense et seul un hypersensible préférait perdre le bataille et laisser l'autre en paix.
J'ai aussi compris pourquoi on ne m'avait pas compris. Quel réaction avoir lorsque l'on voit l'autre se noyé alors qu'on lui a simplement lancé un verre d'eau à la figure? Remettre les curseurs en place m'a permis de comprendre une chose: beaucoup des gens que j'aimais, s'ils avaient vraiment ressentie comme moi les choses, ne se seraient jamais comportés ainsi. Après cette découverte, j'ai d'ailleurs énormément traduits les événements que j'avais vécus avec les personnes concernées. Certaines se sont alors confondues en excuses, pour les autre cela m'a permis de faire le tri.
Aujourd'hui encore, cela me permet d'accepter plus de chose des gens qui m'entourent. J'accepte mon ressentie et refuse de souffrir d'une situation mais parallèlement j'arrête de me dire que ce que je ressens est voulu par mon interlocuteur. Enfin, je pardonne lorsque je me rend-compte qu'il s'agit simplement d'un petit problème de curseur.
Une autre chose. Même si je dois passer pour un folle en faisant le clown sous la pluie devant un arc-en-ciel pour faire sourire une amie, je préfère mettre mon nez rouge est apprécier pleinement ce beau et incongru moment!